Confinement, un Journal | Jour 36 : L’idéal interassociatif

Comme prévu, le journal du confinement de l’Amazing Bicoque arrivera à sa conclusion dans exactement 18 jours.

Afin d’aborder sereinement la clôture des nombreux actes scénaristiques abordés ici, nous marquerons une courte pause dans les aventures de Tofu, Lemmy, Freya, Praline, Henriette et Gros Chat Gris.

Toutefois, afin de ne pas choquer l’incroyable audience qui suit avec fidélité la Lettre à Jal, le rythme des publications quotidiennes continue avec d’autres textes ressortis des tiroirs et mis à jour.

Ici, mes proto-mémoires et analyses de vie sur le monde associatif.

De tout temps, l’être humain a cherché à atteindre l’efficience dans ses projets. Il serait en effet étonnant qu’il ne cherche pas à réduire le poids de ses contraintes, tout en maximisant sa productivité.

Et d’un point de vue associatif culturel, ce concept se traduit par l’idée que si plusieurs structures du même secteur se trouvent réunies dans la même zone géographique, à un moment ou à un autre, quelqu’un dira : “Mais pourquoi ne nous regrouperions-nous pas pour être plus grands et plus forts, nom d’un cochon d’inde ?”

Et, quand on est un vieux de la vieille du secteur, on sort le pop-corn et on s’attend à l’inévitable en souriant. Explications.

Il faut tout d’abord comprendre qu’une asso, culturelle ou non, a un temps de vie semblable à nous, humains : conçue un soir de beuverie, elle vient au monde dans un bâtiment administratif, demande pas mal de dépenses pour s’épanouir, acquiert peu à peu son caractère, vit ses toutes toutes premières fois, traverse des coups durs, mûrit de temps en temps, tombe sept fois, se relève huit, puis après une agonie plus ou moins longue (cela dépend souvent de con capital), elle meurt au sein de cette même administration qui l’a vue naître, laissant comme seules traces une page Facebook oubliée et quelques souvenirs dans le coeur des gens qui l’ont côtoyée.

Revenons à notre idéaliste qui, non content d’avoir sa propre association à charge, se dit donc que ce serait une bonne idée de monter une structure réunissant les acteurs du même secteur.

Premier constat : de nature, chaque association répond d’abord à ses priorités. Ainsi devoir potentiellement ajouter à cela une charge de travail liée à d’autres structues n’est pas la engageante, d’autant plus qu’il n’est pas rare que certaines de ces structures ne soient pas en bons termes.

Bien entendu, ce dernier trait dépasse largement le champ culturel : si vous n’avez jamais entendu les propos que se prêtent les associations philatélistes entre elles, vous possédez encore une certaine virginité pour ce qui est de la notion de grossièretés.

Outre le fait que les associations ont du mal à s’accoupler à d’autres, le second écueil de l’inter-associatif s’avère être un fait endémique terrible : les associations sont composées d’êtres humains.

Et les êtres humains, comme dans toute activité collective, d’autant plus d’ordre passionnelle, il se trouve que les traits psychologiques ressortent. Et ce n’est parfois pas très joli.

Le « travailler ensemble » s’acquiert peu dans le système éducatif. Après tout, durant ces années, on traine et oeuvre généralement avec ses potes, point barre. Il ya des contre-exemples, et de nombreux fort heureusement, mais, quand on est pas conditionné de cette manière, et que, à cela s’ajoute des traits de caractéres associaux, ça fait des étincelles pour ce qui est de la communication interpersonnelle.

Si bien que, d’idéal las, et à l’instar de l’amitié, la personne en charge d’un projet apprend donc à s’entourer des bonnes personnes, et envoyer poliment s’occuper ailleurs les autres.

Brefs, à partir de ces constats (empiriques, croyez-moi), on arrive à un remake triste du film Inception : des assos qui se font la guerre avec en leur sein des adhérents qui se font la guerre qui dans leur fort intérieur ont tendance à se reprocher leur propre comportement. Ambiance.

Ensuite, l’autre question qui se pose est : à qui profite le crime ?

Hé oui, il est tout à fait possible de dénicher de l’éventuel filou derrière de belles paroles de rassemblement. D’un certain point de vue : celui qui contrôle la communication inter-associative contrôle l’Univers, ou du moins l’accès à pas mal d’éléments sensibles permettant un possible phagocytage de réseaux. A cela s’ajoute la possibilité de s’exprimer au nom des autres, et cela, ça ouvre pas mal de portes.

Généralement, l’agréabilité de caractère de ladite personne étant égale à ses prétentions, ce type de comportement se dévine assez vite, et la réputation subséquente fait le reste.

Quant à l’idéaliste, ce dernier comprend sa leçon une fois l’inévitable échec cuisant essuyé. C’est pourquoi, après avoir assisté ou participé à l’expérience, on préfére en rester spectateur les fois suivantes.

Toutefois, pour finir tout de même sur une note optimiste, il s’avère que quelques unes de ces initiatives puissent amener de bons résultats. Si vous souhaitez les identifier, c’est très simple : la personne ne doit faire partie d’aucune structure préexistante, ne pas être juge et parti.

Ainsi dégagé des conflits interassociatifs, il peut ménager les susceptibilités de chacun et ainsi faire avancer les choses. Cela demande des trésors de diplomatie et d’intelligence émotionnelle, une qualité rare.

Mais c’est beau et ça existe, j’en connais. A ceux-là, je leur envoie plein de poutous ; tout comme Philippe, ce sont les meilleurs.

Cet article est paru initialement dans le numéro 6 du fanzine BosKop, Mercredi 1er novembre 2017.

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A suivre !
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