Confinement, un Journal | Jour 28 : Et pour quelques croquettes de plus

Précédemment dans le journal du confinement de l’Amazing Bicoque :

Jal a mis au jour un trafic de croquettes compromettant le régime de Tofu. Après enquête, il découvre que Praline, la jeune chatte voisine, semble gérer les affaires.

Il fait appel à ses amis Mullervater et Coco pour l’aider, ceux-ci peinent à attraper Praline mais mettent la main sur un autre membre du gang, Freya, la propre fille de Mullervater.

Autant Tofu était facilement manipulable, autant l’ardeur de la jeunesse et le mauvais caractère de Freya allaient compliquer la tâche. Pendant qu’à l’étage, je me demandais quelle suite donner à tout cela, Mullervater et sa fille se hurlaient dessus à pleins poumons au rez-de-chaussée. 

Cette fois, mon ami teufeur avait abandonné sa panoplie de père célibataire, pour endosser pleinement celle de l’émotion. Pleurant à chaudes larmes, les lèvres tremblantes, les membres du corps crispé ; les dernières frasques de sa fifille avaient eu raison de sa tempérance naturelle. A l’exterieur, Coco fumait de quoi se détendre, le casque vissé sur les oreilles, la Dubstep à plein ballon, son réconfort personnel dans les épreuves comme dans son quotidien.

Je pris alors ma décision.

Je descendis les escaliers pour retrouver donc Mullervater, Freya, Tofu et une forte odeur de cannabis. Me tenant ainsi en surplomb de ce petit monde, je profitais de cet posture charismatique pour m’exprimer d’une voix claire :

“Il suffit ! L’Amazing Bicoque est un lieu de paix et d’harmonie, je ne la laisserai pas ainsi s’effondrer pour quelques croquettes de plus”. Constatant que mon autorité ne semble pas être remise en question, je donne la marche à suivre : 

“Tofu, Freya, je vous confine à l’étage jusqu’à ce que cette crise soit réglée. Coco s’occupera de monter Lemmy pour qu’il en fasse bonne garde. Nous irons ensuite attraper Praline pour de bon, et découvrir ce qui se trame une fois pour toutes ici !”

Coco passe la tête par la fenêtre, il semble être à son au niveau correct de bien-bien. “On fait quoi du coup ?”. Seigneur…

“Attrape Lemmy dans son enclos, on monte tous les enfants à l’étage”.

Pendant que j’explique cela, Mullervater commence à rabattre les chats vers l’escalier. Ces derniers font vraiment grise mine, mais ne se rebellent pas plus que ça, si ce ne sont de vagues miaulements plaintifs pendant qu’ils grimpent à l’étage.

Mon plan n’est pas parfait, je le sais bien. Ces deux-là ont vécu l’automne dernier ensemble lorsque Mullervater vivait entre deux squats, et ça ne s’était pas très bien passé. Grosso modo, Freya prenait un malin plaisir à pourchasser Tofu qui, pourtant fort de neuf ans de plus et du double de son poids, avait adopté comme tactique de se prostrer derrière la gazinière en attendant que ça passe. Le truc, c’est qu’il a donc attendu trois mois comme cela. Freya en avait presque oublié son existence et jouait la princesse comme de coutume.  

Bien que ces deux-là fussent maintenant dans le même bateau, je craignais de retrouver saccagé mon maigre patrimoine installé là-haut. Étonnamment, ma seule carte à jouer était mon lapin nain, Lemmy, dévoreur de carottes et chasseur professionnel de chats. D’ailleurs, ça en était où ce rapatriement du jardin ? 

Je passai la tête par la fenêtre, mais je ne vis pas grand chose en vrai. L’arbre était passé du bourgeonnement aux feuilles pleines en moins de dix jours, le jardin était donc en partie masqué d’où je me trouvais. Toutefois, je devinais des mouvements en contrebas, et des bruits de respirations difficiles. Coco n’étant pas très sportif, l’épreuve que représentait l’attrapage du lapin nain, très certainement pas rassuré par cet ahuri à la capillarité aléatoire, devait s’apparenter à courir un marathon.

“Yo Coco, ça va, tu t’en sors ? fis-je pour le motiver.
– Oui, oui” répondit-il de sa petite voix essoufflée.

Je retournai à l’intérieur où les chats s’étaient posés chacun dans un coin, regardant ailleurs pour se donner une contenance. 

Je redescendis pour trouver Mullervater, assis sur la chaise de la cuisine, absorbé à manger des muffins. Il est vrai que c’était là la récompense convenue contre leur mission d’infiltration. Mais si l’appel du ventre animait encore mon ami, le cœur semblait lui faire défaut.

Avant d’avoir eu le temps de faire la papote avec lui, un bruit à l’entrée de la maison m’indiqua que Coco s’en revenait enfin de sa mission.

“Woua, il est drôlement rapide quand même.” fit-il en passant la porte et me tendant l’animal, qui n’était en rien la brave lapin nain, mais l’insaisissable Praline.

A suivre !
Jour 29 : Trois chats dans un bateau

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