Pourquoi s’investit-on dans une association culturelle bwalors ?

Bon, que l’association soit culturelle ou pas, ça n’a pas vraiment d’importance. Mais comme c’est le créneau que je connais, autant être précis nom d’un cochon d’inde. Chaque année, et cela depuis la sacro-sainte date de 1901, des dizaines de milliers de personnes vont fouiner sur le net* pour aller donner de leur temps à une structure associative.

Une fois l’objet de ses désirs déniché, le futur bénévole entre alors en action et remplit généralement un formulaire de contact où, avec une verve propre à sa personnalité, il quémande une petite place au sein du/des futur(s) événement(s) correspondant à ses désirs les plus fous. Mais bwalors, que recherchent ces gens ?

Cas de figure 1 : la sociabilisation.

Tu n’as pas de copains, ton boulot… Et bien… c’est ton boulot. Une fois rentré chez toi tu geekes / regardes des films / lis un livre / scrolles sur Facebook, voire pire, trouves des sources d’informations qui te disent que tu as bien eu raison de voter Mélenchon**. Bref, il te faut des potes pour combler ce trou béant qui constitue ta vie sociale.

La vie associative culturelle saura répondre à tes attentes. Face à tant de nouveaux contacts, de joli.e.s garçons/filles (etc), tu ne sauras où donner de la tête. De réunions en apéro, de portage de tables en apéro, de tenue patiente de stand en apéro : tu as touché le gros lot. Ta vie et tes demandes d’amitiés Facebook explosent. Tu existes et rien ne prouve que tu résistes.

Cas de figure 2 : Envie de Zizi-Zezette.

On reprend le même topo qu’au-dessus mais là c’est ton fil Tinder qui ne match pas et tu as autant d’expérience de séduction qu’une pinte de bière oubliée sous la pluie aux Nuits Sonores. Bref, il te faut vite remédier à ce problème.

La vie culturelle associative regorge de tout ce qui se fait de mieux en la matière. C’est donc dans un état d’esprit aussi maladroit que vindicatif que tu tires sur toutes les ficelles qui te tombes sous la main afin d’atteindre la pelote de laine qui conduit au premier lit de débauche disponible.

Deux points à noter :

  • Petit un : Attention de ne pas être trop relou. Faire preuve d’insistance par SMS/Réseau Social/Stalkage risque de nuire durablement à ta réputation (en plus d’être excessivement pénible pour la personne). Ça se remarque très vite et le message passe tout autant en interne.
    Bonne nouvelle quand même : il y a pléthore d’autres structures qui vous accueilleront une fois le filon d’une association épuisé.
  • Et en 2 : Si une éventuelle victoire d’un de ces cas venait à se concrétiser en relation sérieuse : on peut commencer à dire adieu à ces bénévoles qui s’enfonceront peu à peu dans le confort ouaté d’une relation sérieuse.

Cas de figure 3 : la porte de sortie providentielle.

C’est simplement l’inverse du cas de figure numéro 2. Cela fait trois ans que t’es en couple, le zizi-zezette c’est plus fifou. Et puis rester aussi longtemps avec ton premier amour du lycée ? Eh bien, tu t’en poses pas mal des questions dans ton coin. Le souci, c’est qu’il n’y a pas grand chose qui te permette de t’échapper de ce quotidien (au demeurant plutôt confortable). Mais voilà qu’au détour d’une sortie, d’un événement où tu t’es retrouvé par hasard, te voilà soudainement entouré de gens trop sympa qui font des trucs trop cool et qui semblent les plus épanouis du monde (toutefois, je te rappelle que c’est largement constitué de personnes répondant aux deux premiers cas de figure cités plus haut).

Bref, ça ne va tarder à partir en couille pour ta moitié. Rapidement introduit au sein de l’équipe grâce à ton zéle sans frontières, c’est le grand départ pour le découchage d’après apéro qui feront le bonheur des cas de figure numéro 2 et dont la fin rime avec : “Chéri.e, il faut qu’on parle”.

Cas de figure 4 : la loi Macron.

Là, c’est du sérieux. Tu entres dans une association parce que son thème de prédilection, ça c’est TON truc. Et si il y a bien une chose que tu n’aimes pas : C’EST QUE L’ON SOIT PAS SÉRIEUX AVEC TON TRUC !Tu n’es pas là pour rigoler, faut que ça tourne comme un hamster dans sa roue tout ça. Tu n’as pas des amis, tu as des collègues de travail. D’ailleurs, association ou pas, il va falloir que l’organigramme soit aussi bien ficelé que le rôti de chez mamie.

Bref, tu parles fort, n’es jamais content, rarement compétent, n’en branles pas plus que les autres, mais tu parles.. mais tu parles tellement… Au bout d’un moment où tes exigences ont trop été longtemps bafoué, frustré tu claques la porte de l’association, et ce n’est bien entendu pas de ta faute. Pas facile pour toi de mettre en marche les choses entouré de bénévoles si incompétents.

Par extension : on a les dents longues. Ces derniers sont là pour faire péter leur CV de références et relationner à mort. Mais ces derniers se distinguent par une humeur plus agréable et beaucoup d’énergie. On les aime bien ces jeunes loups, ils iront loin.

Cas de figure 5 : Ceux qui font la gueule.

Incompréhensible. Tu n’es pas en soi méchant, mais tu mélanges une certaine mollesse combiné à un mal être que l’on ne comprend jamais trop. La question est simple : que viens ficher ici des gens qui ont l’air de subir leur condition de bénévole ?

Après de longues réflexions et quelques nuits blanches, je suis au regret de vous dire que je n’ai aucune réponse à apporter. C’est un des grands mystères de ce monde…

Cas de figure 6 : Cool Raoul.

Et puis, il y a toi. Tu t’es investis car c’est bien sympa de vivre une aventure autour d’un projet qui te plait. Un jour tu arrives, plein d’énergie ; un autre jour, tu partiras, passeras à autre chose. C’est la vie. Bref, il n’y a pas grand chose à dire sur toi si ce n’est un grand bravo.

Conclusion : 

Et bwalors, si tu ne t’investis pas dans une association culturelle ? Eh bien ça va être chaud de trouver des amis, de faire zizi-zezette, que ton vote pour Macron soit vraiment utile ou que tu ne puisses exposer ta petite bouille contrariée au monde entier. Franchement, viens. On est bien.

C’est pas un tableau exhaustif les amis, mais on a fait quand même un bon tour de la population que vous pouvez croiser autour d’un festival ou événement culturel.
Prenez soin d’eux, ils sont mignons tout plein à leur manière et si ça fait plus de 100 ans que ça dure, c’est que ça doit bien marcher quelque part.

Cet article est paru initialement dans le premier numéro du fanzine BosKop le 31 mai 2017.


* Acte certes plus compliqué en 1901, mais une des grandes qualités des personnes s’investissant dans une association culturelle est la patience.
** Perdu !

Laisse un commentaire grâce à la technologie Facebook :