Rencontre avec Robin Campillo, réalisateur du film « 120 battements par minute »

Après sa sortie le 23 août 2017, et son accueil bienveillant tantôt du côté des critiques que du public, 120 battements par minute refait surface et sera mis à l’honneur lors de la 43e cérémonie des Césars.

En effet, le long-métrage de Robin Campillo sort grand gagnant de cette cérémonie du vendredi 2 mars, le césar du meilleur film tant rêvé par bons nombres de réalisateurs lui a été décerné. Suite à cette cérémonie, il serait intéressant de revenir sur notre rencontre avec le réalisateur en octobre 2017 lors de la 9e cérémonie du festival Lumière.

À la suite du succès de son film, le réalisateur Robin Campillo était présent à la cérémonie d’ouverture du festival Lumière. Ce film recréé la vie d’un groupe, la vie d’une voix ayant un poids, se battant non pas pour le droit des hommes et des femmes, mais bel et bien pour le droit des malades.

Le très attendu 120 battements par minute sort enfin dans les salles ce 23 août, nous sommes en 2018 et cette œuvre n’a pas fini de faire parler d’elle. En effet l’auteur du film dépeignant la vie des militants d’Actup a répondu à quelques-unes de mes questions, retour sur cet échange :

 

Comment le film a été accueilli par le public français ?

« Très bien, je pense, surtout que mes films précédents ont été des catastrophes au niveau des entrées. On va atteindre les 800 000 entrées ce qui est énorme pour un film que je n’avais pas imaginé être grand public. Donc ça s’est très bien passé, puis j’ai fait aussi beaucoup de rencontres avec le public notamment au Comoedia ce qui est extraordinaire »

En effet, Robin Campillo a assisté à beaucoup de rencontres dans toute la France, de nombreuses rencontres réunissant un public hétéroclite : « Des moins jeunes qui ont connu Actup et qui voulaient en connaître les coulisses puis il y a les gens beaucoup plus jeunes comme vous pour qui c’était une époque où l’on pouvait faire de la politique comme on ne peut plus en faire. C’est devenu plus dur aujourd’hui. »

Votre film a été réalisé dans le but de faire réagir les gens ou de simplement faire renaître une mémoire collective de ces années-là ?

« Le cinéma ce n’est pas que ça ravive une mémoire, mais c’est surtout que ça redonne une vie actuelle aux choses, avec des acteurs d’aujourd’hui en leur demandant de recréer un truc comme s’ils le découvraient eux-même pour la première fois plutôt qu’être dans une mémoire ancienne en noir et blanc. »

Quelle a été la scène la plus difficile à tourner ?

« Une scène d’action dans un laboratoire »

Car comme il l’a dit plusieurs fois lors de la captation de celle-ci, lorsque la scène était coupée, il fallait la refaire en rechangeant la moquette et les jeux de meubles en plus des vêtements de tous les acteurs qui étaient inutilisables afin d’être raccord.

Quelle scène a été la plus belle à tourner ?

Contre toute attente, il m’a confié que la scène la plus belle à tourner avait été celle de la mort d’un des acteurs principaux. Ce personnage se retrouvant pétrifié et gelé par cette mort qui lui a paisiblement fait fermer les yeux pour l’éternité. Il est important de préciser que cette scène est tirée du vécu du réalisateur qui a lui aussi quelques années auparavant rhabillé un copain mort dans son lit :

Je l’ai vécue cette scène, j’ai rhabillé le corps d’un copain avec sa mère en lui parlant comme s’il était vivant.

Cette scène s’étant brutalement réinstallée dans ses souvenirs récents.

Cependant, lui aurait-elle permis une brève thérapie afin de ne plus faire qu’un avec ce souvenir ? Il me confiera même que c’était une scène drôle à tourner, contrairement au spectateur se retrouvant nez à nez face à une scène sans vie et un corps inanimé. Une scène absente de toute vie et à la fois pleine de réalisme jusqu’à nous glacer le sang.

Ce long-métrage sonne donc comme un vibrant hommage au combat mené par l’association de lutte contre le Sida Actup, une lutte sans limite pour ces hommes et ces femmes se battant contre cette maladie, contre cette faucheuse qui ne cesse de faire fermer les yeux éternellement à beaucoup de personnes. Ce film remet en exergue le combat d’une vie pour bon nombre de personnes le temps d’un film, nous faisant vivre la lutte incroyable contre une maladie sans pitié.

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