Qu’attendez-vous pour aller voir « Joker » de Todd Phillips (2019) ?

Vous n’aimez pas tous ces films de super-héros où on trouve les gentils d’un côté, et les méchants de l’autre. Vous avez entendu que DC Entertainment sortait une nouvelle version du Joker, l’ennemi juré de Batman, mais deux heures dans une salle de cinéma pour regarder un blockbuster avec effets spéciaux et une histoire plate ne vous tentent pas. Je vous comprends, je suis vous. En revanche, « Joker » de Todd Phillips n’est en rien ce genre d’œuvre. Elle mérite d’être vue sur grand écran et voici pourquoi en 4 raisons.

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  1. La profondeur du personnage principal

Arthur Fleck est un clown, trentenaire ayant une condition particulière : il rit lorsqu’il est nerveux ou mal à l’aise. Il prend des médicaments pour soigner ses autres troubles mentaux. Il vit avec sa mère dans un petit appartement un peu délabré. Au final, Arthur n’est pas ordinaire ; mais il l’est quand même. Ça pourrait être ton voisin, une personne que tu croises dans la rue, ou le serveur de ton bar préféré. Il cache derrière ses rires et son sourire un profond mal-être. Il avoue même avoir douté de sa propre existence : « For my whole life, I didn’t know if I even really existed. BUT I DO. And people are starting to notice. » C’est un personnage très attachant, et touchant malgré ses facettes dérangeantes. La force de ce film réside dans le fait qu’en dépit de ses actes bien au-delà du répréhensible, nous continuons à le suivre et à l’accompagner dans sa descente aux enfers libératrice, avec joie.

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« What do you get when you cross a mentally ill loner with the society that abandons him and treats him like trash ? I’ll tell you what you get, you get what you fucking deserve. »

  1. La vibrante vérité des thèmes abordés

L’intrigue prend place au cœur de Gotham, aux airs de New York City des années 1980, mais elle pourrait tout aussi bien se passer dans n’importe quelle grosse ville des pays occidentaux à notre époque (en faisant abstraction de la technologie). Parmi les nombreux thèmes abordés, on trouve : les divisions entre classes sociales, le manque d’argent dans les services gouvernementaux, l’absence de solidarité entre humains, le besoin d’écraser les autres pour se sentir important, et bien évidemment, l’incompréhension qu’il y a autour des maladies mentales. « The worst part of having a mental illness is people expect you to behave as if you don’t. » voit-on écrit dans le cahier que tient Arthur. La critique est dure, mais juste. On ressort de la salle en étant interpellé sur notre façon de vivre, en se demandant si nous aussi on pourrait plonger dans une folie pareille, et en remettant en question notre habilité à vraiment écouter les gens qui nous entourent. 

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« Everybody is awful these days, it’s enough to make anyone crazy. »

  1. La dimension artistique

Les couleurs, le cadrage, la bande son : tout est soigneusement choisi. L’ambiance est pour la majeure partie sombre, avec des notes de vert, de rouge et de jaune tout au long du film. Si l’histoire arrive à nous faire oublier que nous parlons du Joker, les images nous rappellent à l’ordre. Elles sont pleines d’indices, de clins d’œil, et de symbolismes : les principaux étant les danses de libération, les portes d’entrée « exit », ou encore les escaliers de pénitence. La musique accompagnant ces tableaux, signée Hildur Ingveldardóttir Guðnadóttir, souligne à la perfection les émotions ou les actions à l’écran. Assortis à ces morceaux de violoncelle, de grandes chansons participent à la description des humeurs d’Arthur ; parmi elles, « That’s life » de Frank Sinatra, « Send in the Clowns » de Judy Collins, ou encore « Rock and Roll » de Gary Glitter. Ajoutée à tout ceci, l’alternance entre plans larges et gros plans sur Joaquin Phoenix nous plongent dans le mental de son personnage : d’une part, seul dans son monde ; d’autre part, entouré de beaucoup trop d’éléments avec lesquels il se sent inadéquat. 

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« I don’t know why everyone is so rude. I don’t know why you are. I don’t want anything from you. Maybe a little bit of warmth. Maybe a hug DAD. I would like a bit of fucking decency. WHAT IS IT WITH YOU PEOPLE ? »

  1. La performance de Joaquin Phoenix

Des rumeurs couraient selon lesquelles Leonardo DiCaprio était pressenti pour le rôle, et sans vouloir lui manquer de respect, cela aurait été une énorme erreur. Joaquin Phoenix donne vie à Arthur Fleck d’une manière que personne d’autre n’aurait pu. Les 25kg qu’il a perdus pour cette production rendent le personnage attachant car ils le montrent frêle, inoffensif, et d’une certaine manière, comme une victime. Il a su trouver les différents rires, sourires, regards, postures pour qu’on puisse suivre l’évolution prenant place à l’intérieur d’Arthur. Il réussit l’exploit de marier sa naïveté et son intelligence, sa joie et ses peines, sa lucidité et sa folie, sans jamais forcer le trait. On ressent tout ce qu’il ressent ; en conséquence, nous comprenons Arthur et ses choix. (Attention : comprendre ne veut pas dire approuver.) On n’arrive pas à lui en vouloir, ou à être énervé contre lui : on pourrait presque lui trouver des excuses. On ne voit pas un super-vilain, mais un homme qui a enfin trouvé le bonheur ; et ça, en grande partie grâce au talent de son interprète.

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« I used to think my life was a tragedy, but now I realize, it’s a fucking comedy ! »

En résumé, « Joker » de Todd Phillips (2019) est un film psychologique et une satire de notre société, loin des précédentes productions de DC Entertainment. Le scénario est impeccable, le jeu d’acteur époustouflant, et la vision artistique raffinée. Ce chef d’œuvre est sortie au cinéma en octobre dernier, il ne reste plus longtemps pour avoir la chance de le voir sur grand écran : bougez-vous !

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