Critique nanar : « Battlefield Earth » de Roger Christian (2000)

« En 3000 après Jésus Christ, la Terre, autrefois berceau de l’Humanité est depuis 1000 ans sous la coupe des cruels envahisseurs de la planète Psychlo. Comme ils l’ont fait sur d’innombrables planètes, dans toutes les galaxies, les Psychlos extraient des métaux terrestres et les téléportent sur leur planète d’origine. L’or est le plus rare et le plus précieux de tous les métaux. L’Humanité, sur le déclin, doit se battre pour survivre. Caché dans des abris, dans des zones irradiées, elle est au bord de l’extinction… »

Non, non … tout ceci n’est pas un résumé personnel ou un quelconque pitch promotionnel sur la jaquette d’un DVD, mais il s’agit bien de l’ouverture même de Battlefield Earth, qui respire d’emblée le doux parfum édulcoré d’un bon gros navet juteux.

Récité par une voix bien grave qui fait peur, c’est ce petit texte explicatif qui défile lors des premières images du film. Certes, nombre de très bon film débute avec ce genre de préambule, mais ici, le fond même du sujet fait déjà pouffer de rire et on a l’impression d’être retourné 50 ans en arrière, où les récits de science-fiction les plus loufoques courraient les pages de fanzines spécialisés.

Mais là aussi, l’idée de bâtir un contexte post-apocalyptique pour y expliquer de quelle façon une tyrannie tentaculaire chavire du jour au lendemain n’est pas moins à la base d’une multitude de films renommés tel que Star Wars ou Dune. Mais là où pour ces derniers, un tel scénario exprime une dimension politique d’une façon plus ou moins explicite, ici on a plus a faire à un récit prophétique qui se paie la prétention de s’imposer comme anticipation …

Et oui, n’oublions pas que Battlefield Earth, c’est avant tout un roman écrit par Ron Hubbard, qui n’est autre que le grand manitou à la tête de l’Eglise de scientologie ! Ainsi, alors que pour les références citées ci-dessus, tout se passe il y a bien longtemps dans de lointaine galaxie afin de tailler dans le conte universel, ici tout se déroule sur Terre et voudrait nous faire croire que l’avenir chaotique qui nous est présenté nous attends. On comprends mieux pourquoi le film est sorti en 2000 !

Alors respirez un bon coup avant de visionner Battlefield Earth car de dernier pue le prêche à plein nez, ce qui n’amuse que les crétins scientologues d’Hollywood qui se sont fait un plaisir de mettre un paquet d’argent, John Travolta en tête, dans cette production foireuse (qui n’aura pas été rentable, même aux Etats-Unis.)

Certes, mettons-y un peu de bonne volonté et penchons-nous sur cette prophétie (qui est quand même six ans en retard sur ses objectifs…) Tout commencera par l’invasion imminente de notre cher plancher des vaches par les affreux psychlos. Puis, 1000 ans après, un homme saura s’élèver contre ses oppresseurs, rejetant préjugés et croyances (forcément, il n’y a pas de religion légitime qui apparaît à travers ce récit, si ce n’est la scientologie qui s’incrit en filigrame… malin !) qui polluent la conscience collective des humains, réduits à prendre leur tortionnaire pour des démons.

Ce surhomme, c’est Johnny, qui, après la mort de son père tué par ses dits démons (enfin c’est ce qui nous est raconté à l’emporte-pièce derrière la cravatte) décide de quitter sa tribu natale à la recherche de nourriture pour celle-ci. Sur son chemin, il rencontrera d’autres humains qui lui en apprendront plus sur le monde de l’an 3000 et ses mythologies à propos d’une civilisation humaine avancée réduite en esclavage par les démons Psychlos après le départ de supposés dieux, dégouté de l’orgueil de cette Humanité d’antan.

De celle-ci, il ne reste que les ruines de grattes-ciel et autres monuments autour desquels les hommes du quatrième millénaire ont développés mythes et légendes absurdes, et qui ne fera sourire que le public américain, le reste de la planète ne comprennant pas forcément de quel bâtiment il s’agit et quel importance il prend dans la culture des Etats-Unis. Autant dire qu’à ce niveau de l’histoire, on comprend aisément que celle-ci n’a d’yeux que pour nos amis d’outre-atlantique.

Mais le problème, c’est qu’il est question de l’avenir de l’Humanité, non pas du seul continent Nord-américain. Ainsi on arrive facilement à des débordements impérialistes du style « C’est donc l’endroit où toutes nations étaients dirigées avant l’attaque des psychlos » comme l’explique Johnny à ses camarades face à une Maison Blanche dévastée.

Mais revenons justement à ce brave Johnny et à son périple qui croisera bien rapidement la route des Psychlos, et notamment celle de Terl, le chef de la sécurité de la Terre. Mais le pauvre Terl, il lui en arrive bien également des misères !

Malgré ses diplômes en abondance et ses performances remarquables, ce psychlo est condamné par le tyrannique Etat-Major à garder son poste réducteur pour les 50 années à venir. Et ce parce qu’il semble avoir cotoyé de trop près la fille du gouverneur (mais la aussi, il faut être attentif pour attraper cette information au vol !) Bref, le but de tout un pan du film sera de suivre (subir ?) un plan fomenté par Terl et son ajoint, Ker, visant à extorqué un maximum d’or dans le dos de la puissante et tyrannique Corporation commerciale, afin de pouvoir s’acheter une place au Soleil. Bref, on se retrouve aux limites d’un thriller ou film de gangster avec un gros magot à la clé, mais sans grand intérêt si ce n’est de rendre encore plus incohérent le scénario.

Et puis, en se permettant des incursions dans le quotidien des psychlos, le film se saborde finalement tout seul comme un grand. Car en fin de compte, ces terribles envahisseurs effraient plus par leur humour foireux et leur caractère ridicule que par leur méthodes totalitaires. Et dans ce registre, John Travolta décroche la palme en surjouant un personnage déjà caricatural qui ne sait qu’éclater de rire dès qu’il trouve ses limites dans les dialogues.

Plus effarant qu’effrayant donc, on finit par même plus se demander pourquoi ceux-ci s’enterrinent à garder les humains en captivité plutôt que des les exterminer une bonne fois pour toute, d’autant qu’ils considèrenet ceux-ci comme des animaux. Des vestiges de la convention de Genêve sans doute …
Bref, tout ceci arrangent bien les affaires de nos scénaristes qui laissent ainsi la vie sauve à ce brave Johnny, qui se fera même plein d’amis en prison. Mieux encore, Terl lui procurera le savoir Psychlo, ce qui lui sera d’une grande utilité dans la lutte contre ces envahisseurs. Bon, il est pas sympa non plus Kerl. C’est juste qu’il a truc derrière la tête. En fait, apprendre quoi que ce soit aux humains mérite la « vaporisation » (drôle de façon de dire tuer…) chez les psychlos mais c’est le prix à payer pour que Kerl mette son plan à exécution.

En réalité, ce dernier a identifié un nouveau gismement d’or et compte bien l’exploiter à son propre compte. Seul problème, la zone est irradié et les psychlos, il supportent ça encore moins que les humains. Pas de chance. L’idée ? Eduquer des humains à l’art du forage pour extraire le précieux métaux, et faire accuser quelqu’un d’autre de l’éducation scandaleuse des humains. Ainsi, les chantages et autres pratiques douteuses irront bon train au cours du récit, au point d’en perdre le spectateur dans cette histoire dont il en a de toute façon plus rien à foutre.

Car ce qui est censé nous être primordial ici, c’est le parcours de Johnny qui réussit peu à peu à retourner cette entourloupe à son compte et celui de l’Humanité. Ayant découvert une ancienne base militaire étonnament bien conservée, notre ami est désormais armé jusqu’aux dents et accompagné d’une armée d’hommes plus si éloignés que ça du stade animal et pourtant capable de piloter des avions de chasse en vol stationnaire dans l’infime brêche d’un immeuble. Bref, les psychlos n’ont qu’à bien se tenir … quoique d’une façon ou d’une autre il prendront dans leur face parce que ce sont eux les méchants tout de même !

Toutefois, n’allons pas jusqu’aux détails du dénouement mais autant vous prévenir tout de suite, écrire une fin aussi peu crédible, ça tient du navet de compétition ! Et ce sans parler de la réalisation. Déjà médiocre tout au long du film avec ses désaxés nauséeux et ses raccords aléatoires  la mise en image de l’attaque finale n’arrive pas une seule seconde à nous faire comprendre la mise en place du plan d’action qui nous a pourtant été expliqué auparavant, et ce parce que le réalisateur est incapable d’articuler deux séquences différentes entre elles.

Ce dernier, répondant au doux nom de Roger Christian est sans soute l’un des plus piètres représentants du septième art et Battlefield Earth en est sûrement le meilleur exemple. De toute façon, il nous serait difficile de le constater pour nous français car tous distributeurs de notre cher pays nous a épargné le droit de diffuser les trois autres films de cet énergumène.

Quoi de plus normal après tout ? Les américains eux-même tendent à renier leur compatriote. En effet, suite à Battlefield Earth, Roger Christian n’a réalisé qu’un seul film, en 2004, et ce au service d’une production… indienne !!! Cependant, n’oublions pas que ce monsieur a quand même officié en tant que réalisateur de la seconde équipe de La Menace Fantôme (1999) … ça expliquerait la médiocrité de cet épisode !

Certes, qu’aurait été cette réalisation si elle n’avait été entraînée dans sa chute par une photographie sans finesse, usant de filtres bleus et vert à tout va, histoire de palier à un style qui n’existe définitivement pas dans ce film ? Une fois de plus, cette cohésion derrière la caméra fait vraiment plaisir car elle n’enfonce qu’encore un peu plus un film déjà condamné par le scénario.

A n’en point douter, Battlefield Earth est donc un navet. Et pourtant, il est rare de voir autant de débauches de moyens dans cette catégorie, mais on ne va pas s’en plaindre !! En un mot, à tous les adeptes de l’Eglise de scientologie, je tiens à vous remercier pour vos dons qui ont sans doute permis à ce monument du caca cinématographique de voir le jour.

Salaryman

Réalisateur : Roger Christian
Acteurs : John Travolta, Barry Pepper, Forest Whitaker, Marie-Josée Croze
Scénario : Corey Mandell, J. David Shapiro, d’après le roman de Ron Hubbard
Directeur de la photographie : Giles Nuttgens

NB.1 : Battlefield Earth est un film couronné de récompenses !! En effet, en l’an 2000, l’académie des Razzie (les Oscars du navet) a décerné pas moins de 7 prix à ce film (record absolu depuis la création de ce palmarès) : pire acteur (John Travolta), pire réalisateur ( Roger Christian), pire image (Elie Samaha, Jonathan D. Krane, John Travolta), pire duo (John Travolta et quiconque apparaissant à ses côtés à l’image), pire scénario ( Corey Mandell, J. David Shapiro), pire second rôle masculin (Barry pepper) et pire second rôle féminin (Kelly Preston) sans oublier une nomination de Forest Whitaker pour le pire second rôle masculin.

En 2005, cette même académie a élu ce film pire oeuvre dramatique des 25 dernières années ! Enfin n’oublions pas non plus la Dallas Forth Worth Film Critics Association Awards qui a élu Battlefield Earth pire film de l’année en 2001.

NB.2 : Je sens que je vais créer un temple à la gloire de Uwe Boll (réalisateur d’House of the Dead, Alone in the Dark , Bloodrayne …) pour qu’il puisse continuer à réaliser des films. A votre bon coeur monsieur dame !

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