Critique cinéma : « Last Flag Flying » de Richard Linklater (2018)

Ensuite, venons-en aux faits ; il s’agit d’une adaptation du réalisateur Richard Linklater tiré du roman Last Flag Flying de l’écrivain Darryl Ponicsan paru en 2004.

Cette œuvre nous a été servie sur un plateau d’argent, en effet, le casting est plus que conséquent. Cranston, Fishburne et Carell, trois noms ayant fait vibrer le cinéma mondial de ces 30 dernières années.

Ce film raconte l’histoire de trois anciens camarades des marines qui s’étaient perdu de vue depuis leur dernière mission, la guerre du Viêt Nam. L’un d’eux demandera de l’aide aux hommes qui ne voulaient pas le voir mort dans cette guerre, pour enterrer un être cher qui lui à passé l’arme à gauche.

Durant ce périple les trois amis renoueront progressivement avec un passé qui les a marqués, un passé pour certains au départ loin d’être assumé, un voyage se transformant en thérapie pour ces trois hommes, le fait de voir la mort en face va leur faire reprendre goût à une vie qui pour certains les avait abandonnés, les coupant de toutes envies.

Ce casting prestigieux a été pour moi à la hauteur d’un scénario loin de tous clichés dramatiques de base ou d’un happy ending sans queue ni tête. Les acteurs ont su redonner vie à l’écriture de Ponicsan en la sublimant à travers des rires, des pleurs, de la joie et surtout de l’empathie que nous éprouvons à la vue de certains personnages.
Un film dosé à souhait pour le plus grand bonheur de nos yeux, de nos oreilles et de nos cœurs.

Cependant au plus grand désarroi des fan de Matrix, Breaking Bad ou encore The office ces trois noms ont su une nouvelle fois redorer leurs blasons d’acteur tout terrain, fusionnant avec une âme qui n’est pas la leur pour ce long métrage de deux heures.

De nombreux thèmes sont abordés ici, comme par exemple l’identité nationale américaine de la Navy qui est problématisée au cœur même d’un problème de famille ; la volonté de vouloir enterrer son fils en tant que petit garçon et non en tant que soldat des marines, cette volonté qui sonne comme une question plus qu’existentielle, légitime voir même d’actualité.

Les rapports humains sont quant à eux énormément mis en avant dans ce film, mis en avant grâce aux retrouvailles de ces trois amis, de la réalité de la vie et de sa perplexité face à certains coups durs que vous porte celle-ci.

À l’image d’un Steve Carell loin de ses rôles burlesques et farfelus comme dans Bruce tout puissant ; l’acteur nous offre une performance débordante d’humilité et de désespoir, tentant de refléter aux mieux les émotions indescriptibles que peut ressentir un père de famille à la vue de la disparition de sa progéniture.

Last Flag flying représente en partie l’état de crise dans lequel les États-Unis et bons nombres d’états se trouvent, un état de crise sans précédent plongeant de nombreux parents dans le désarroi le plus total. Mais il représente aussi et surtout la magie de la mort, cette mort désastreuse d’un être cher qui va peu à peu et malgré tout lui faire reprendre goût à la vie dans un monde où l’homme est né pour la paix, et ne respire que la guerre.

Jessim Belfar

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