Confinement, un Journal | Jour 49 : Coco & Henriette

A l’aube du déconfinement se tient le procès de Tofu ManulSohn, accusé d’un nombre de charges impressionnantes pour un seul animal*. 

Le verdict étant prévu pour la date fort pratique du lundi 11 mai, l’impartial Juge-Jal fait donc témoigner les différents protagonistes de cette grande aventure qu’est le journal du confinement de l’Amazing Bicoque. 

Après une première passe d’armes tumultueuse avec Freya, c’est l’avocat même du chat qui se retrouve à la barre : Henriette le coq, le voyageur du temps.

Le coq se tient fier à la barre. Malheureusement pour iel, personne n’est présent pour assurer sa défense. 

“Démarrons, fait l’honorable Juge-Jal.
– Très bien” commence un Lemmy ravi de pouvoir exercer aussi facilement son rôle de procureur. Avouons que, actuellement, pour le lapin nain, l’ascenseur social fait ici toutes ses preuves.

“Hier, nous avons reçu le témoignage de Freya et Praline, accusant clairement le dénommé Tofu Manulsohn d’être à la tête du trafic de croquettes qui coûte encore aujourd’hui du temps et de l’argent à la noble République Démocratique de l’Amazing Bicoque.
Toutefois, dans cette affaire, un scandale en remplace un autre, dirait-on, puisque ce n’est rien de moins que l’avocat de la défense, le coq Henriette, qui se trouve en plein délit d’initiés dans cette affaire. Je vous pose la question franchement, Henriette, avez-vous une relation sentimentale avec Coco, colocataire de Mullervater, lui-même père de Freya ?
– Oui, nous nous aimons” répond calmement Henriette.

Clameurs dans la salle, qui je le rappelle, est composée de trois chats, un lapin nain et le coq en question, installés à l’étage de l’Amazing Bicoque.

“Vous ne comprenez donc pas, aveugles que vous êtes ! hurle Henriette.  Il était là pour moi quand rien n’allait ! Vous pensiez donc que j’allais m’adapter aussi facilement ? Que voyager temporellement entre 2010 à 2020 serait une partie de plaisir ? Vous avez déconné sévère cette décennie, heureusement que j’ai pu trouver refuge dans la douce tignasse généreuse de mon poussin, de mon Coco !” finit-iel dans une crise de larmes.

Suite à cet éclat, la salle s’est calmée. 

L’affable Juge-Jal finit par dire : “Ah! l’amour des jeunes gens n’est pas vraiment dans le coeur, il n’est que dans les yeux. Henriette, la question est moins de juger vos étranges penchants personnels que de constater que vous ne pouvez plus assurer la défense de Tofu en étant ainsi impliqué. Le plus grave étant que je ne vois personne d’autre dans cette histoire pour vous remplacer”.

Mes chers lecteurs, vous comprenez qu’à cet instant, nous voici bien coincés. Je ne peux certainement plus ajouter maintenant quelque nouveau personnage sorti de mon chapeau. Tout le monde constatera, et jugera durement, l’artificialité du procédé. 

Je pense qu’il est l’heure d’interrompre ce récit, et de vous dire au revoir. Je vais rallumer la radio en ligne que j’ai créée durant ce confinement, elle est bien pratique pour faire style qu’il se passe un truc sans faire grand chose. M’apprêtant à condamner Tofu à l’exil chez son père indigne.

“Il suffit ! Une confession équivoque n’obtient qu’une absolution équivoque. J’assurerai la défense de l’abruti.” fait une voix soudainement à la porte. Sans cérémonie, le nouveau venu traverse – avec une grâce et une détermination toutes félines – la pièce, et pose son attaché-case bruyamment sur la table.

Lemmy s’agite visiblement : “Votre Honneur, je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’accepter cet être au sein de ce procès. Pour preuve de bonne foi, je suis même prêt à alléger les charges contre l’accusé.

– C’est justement à l’accusé d’en décider ! Qu’en dîtes-vous Tofu ? »

Ce dernier regarde son “sauveur” du coin de l’oeil, visiblement inquiet. Pour la première fois de ma vie, Tofu semble essayer de réfléchir de tous ses neurones, une grotte de transpiration en naît même sur sa tempe. Il se tourne finalement vers nous, et répond : “Mrou.

– Les dés sont jetés, Benvenuto assurera donc la défense. Reprenons avec vous, Henriette. Maintenant que vous êtes déchargé de l’affaire, auriez-vous un témoignage au sujet de l’accusé avant de quitter ?

– Oh, vous savez, ma défense aurait reposé sur de simples faits : un père absentéiste et enchaînant les mauvaises décisions, préférant aller courir les jupons que de s’occuper du chat qu’il avait juré de protéger voilà dix ans, cela laisse des traces psychologiques.
Comme le disait Shakespeare : “La vertu même devient vice, étant mal appliquée, et le vice est parfois ennobli par l’action”.
Bref, Tofu n’ayant pas inventé la croquette au saumon, comment croire qu’il puisse monter une opération pareille ? Tofu n’est pas le coupable dans cette affaire, mais bien la victime ».
Après un court silence : « Je vais me retirer maintenant, retrouver mon amour, plonger mon bec dans ses cheveux, et me reposer enfin. Car, jamais amour ne fut plus beau que celui de moi, Henriette, et de son Coco.

Le courtois Juge-Jal clôt la séance sur cette dernière phrase : “Demain, nous ferons une pause dans les débats afin que la défense puisse s’organiser. Nous aurons donc une aventure originale et sans lien avec ce procès à l’Amazing Bicoque.
Un dernier mot Benvenuto ?
– Non.”

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A suivre !
Jour 50 : L’ami Lama

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*Rappel : trafic de croquettes, trouble au voisinage pour miaulements à toute heure du jour et de la nuit, provocation aux bonnes moeurs avec l’exhibition des parties lors de ses toilettes privatives, destruction du bien commun la table de jardin de l’Amazing Bicoque, et aucune ligne de dialogue digne d’intérêt depuis le premier jour de la rédaction de ce journal.

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